Entre 2017 et 2020, la mairie de Fouesnant a acheté en trois fois les lots autour de l’Agrocampus pour un montant total de 2 415 000 € (+ frais financiers liés aux emprunts) pour un projet touristique qui ne relève pourtant pas de sa compétence..
Un tel investissement financier était une prise de risque importante. Aujourd’hui la revente se fait sans appel à projet pour un montant de 2 800 000 € à Keranoh, société de conseil auprès d’investisseurs immobiliers. Le prix de vente se base sur des estimations faites par le domaine public non actualisées et donc obsolètes. A noter que les parcelles 385 et 388, nommées « villa Parker » achetées 292 000 € en 2017, sont revendues 280 000 € seulement (pourtant au-dessus de l’évaluation par le domaine public). Le prix de vente ne prend pas en compte les frais liés aux emprunts, renégociés, toujours pas remboursés et dont les taux s’envolent, les frais de démolition d’une habitation, les frais d’entretien du bâtiment, et surtout la hausse du prix de l’immobilier.
La collectivité peut librement acheter des parcelles sans aucune mise en concurrence et peut également librement vendre sans mise en concurrence. Cependant, sans consultation citoyenne, sans appel à projet et avec des évaluations du domaine public qui semblent incontestablement dans une fourchette basse, la majorité pourrait craindre d’être soupçonnée de visées clientélistes à l’achat et à la vente.
Un projet d’hôtel 4* dans l’intérêt général ?
Le 12 Mars 2020 pendant la campagne, la liste Fouesnant Passionnement menée par Roger Le Goff écrivait (https://www.facebook.com/fouesnantpassionnement/)
« L’acquisition du site Agrocampus/Cempama permettra la réalisation d’une #hôtellerie 4 étoiles avec #thalassothérapie sur ce lieu exceptionnel de Beg-Meil où nous disposons déjà d’une réserve foncière de 4 600 m². »
La majorité souhaitait, dès l’achat, un projet touristique haut de gamme sur ce site. Bruno GOSSET et Arielle POLAILLON de la société Kéranoh auraient présenté de manière spontanée leur projet d’hôtel 4* avec spa et piscine d’eau de mer à la majorité, avant de le présenter à l’ensemble des élus. Est-ce le projet de la société Kéranoh ou de la majorité ?
Domiciliée rue de la Pompe à Paris XVIe, et fondée en Juillet 2022, cette société a été créée dans l’unique but de porter ce projet sur le site de l’Agrocampus. Avec un capital de 100 €, cette société semble-t-elle fiable à la majorité et quels investisseurs sont prêts à engager des fonds ?
La fonction de portage foncier ne peut être prise par une commune que dans l’intérêt général : un hôtel de luxe privé 4* remplit-il cette condition ?
A noter que la mairie s’engage dans la même délibération à rendre piétons la fin du chemin creux et construit une « déviation » pour les voitures vers la route des dunes par la parcelle 108. Les résidents du futur hôtel pourront donc profiter en toute quiétude de leur chambre vue mer, sans la gêne de voitures qui passeraient sous leurs fenêtres. On peut encore se poser la question de l’intérêt général dans la réalisation de ces travaux.
Un projet démesuré
La réussite commerciale de ce projet, dont le coût initial est estimé à 18 millions d’euros, est loin d’être assurée. Dans l’acte de vente, l’acheteur ne s’engage que pour 5 ans de mise en exploitation d’un hôtel. Une clause (page 6 de l’acte de vente) anticipe l’échec et permet à l’acheteur de transformer les chambres en studios meublés avec vue sur mer. Serait-ce le but final recherché ? Une telle activité apporterait-elle alors un dynamisme à Beg Meil sur l’année ? Pense-t-on vraiment retrouver le lustre d’antan avec ce projet, alors que tous les hôtels historiques de Beg Meil ont déjà fermé pour être transformés en résidences, souvent locatives ?
Nos propositions pour un développement raisonné à l’année et à caractère d’intérêt général
Une rénovation plutôt que la destruction du bâtiment permettrait la création d’une auberge de jeunesse, d’un gîte d’étapes sur le GR34, d’une solution de logements pour les saisonniers, d’un site d’accueil lié au handicap, d’un foyer logement…
La communauté de communes fait aujourd’hui appel aux particuliers pour proposer des logements aux travailleurs saisonniers. La CCPF ne rate-t-elle pas aujourd’hui une occasion de monter un beau projet qui répondrait aux différents besoins de la population, un projet d’habitat adapté et inclusif ?
Encore une magouille